La misère est la meilleure des gardes-chiourme

Voici la situation d’un jeune homme aujourd’hui, que j’expose à sa demande.

Je lui demandais il y a quelques jours s’il voulait s’exprimer sur ce blog, s’il avait une idée de sujet et il m’a répondu “Toi, explique ma situation avec le travail”.

Il suit un programme intensif de français à l’Inalco depuis janvier. Il s’est démené et a réussi à intégrer le programme. Il bénéficie de la protection subsidiaire de l’Ofpra depuis décembre. Aujourd’hui il a littéralement 1 euro dans sa poche.

-Il est inscrit à Pôle Emploi et à la Mission locale depuis un an sans aucun résultat

-Ayant moins de 25 ans, il n’a pas le droit de toucher le RSA.

-Étant seul, il n’a pas le droit à des allocations de la CAF.

-Étant étudiant, il n’a pas le droit de toucher la Garantie jeune (sorte de RSA pour les moins de 25 ans en lien avec la Mission locale).

-N’ayant toujours pas sa carte de séjour (il a un récépissé stipulant la protection subsidiaire et en toutes lettres “a le droit de travailler”), il n’ pas le droit de se déclarer autoentrepreneur. Il est aussi refusé par toutes les grandes enseignes (Zara, Monoprix, McDonalds…). Elles ont un vivier de personnes françaises ou avec carte de séjour inépuisable, pourquoi s’embêter ?

-Arrivé en France en décembre 2016 (et donc depuis moins de 2 ans), on lui refuse une bourse du CROUS. De toute manière, les personnes sous protection subsidiaire n’y ont pas droit. Logique d’investisseur ? Fais ta corvée de serf pendant au moins deux ans pour servir le capitalisme made in France avant d’espérer travailler à te construire un avenir meilleur ?

Comment est-il supposé se procurer le minimum vital ? Comment peut-il suivre les règles du travail légal? Comment est-il censé faire des études?

Si vous résolvez le problème, faites-le nous savoir.

Et encore il a la chance d’avoir un statut légal…

Ceux qui pourraient changer les choses dans leur pays, améliorer les conditions, faire des études, engager des mouvements sociaux pour le bien de tous, sont obligés de fuir pour se sauver en espérant un avenir meilleur. Ils viennent servir de main d’oeuvre illégale, donc corvéable à merci et sans droit de réclamer des conditions dignes, sans capacité de révolte ou de lutte sociale et sans choix. Le système est sans failles.

Nos bâtiments sont construits par des esclaves, déportés de leur propre volonté dans ce système infernal qui ne dit pas son nom. La misère est la meilleure des gardes-chiourme.


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